Les cours gratuits en ligne transforment les universités

Publié le 01/06/2013 à 00:00, mis à jour le 30/05/2013 à 09:48

Les cours gratuits en ligne transforment les universités

Publié le 01/06/2013 à 00:00, mis à jour le 30/05/2013 à 09:48

Le secteur de l'éducation supérieure est mûr pour une révolution. Les cours en ligne ouverts et massifs (MOOC, en anglais), qui permettent d'étudier de partout gratuitement, sont offerts par un nombre grandissant d'universités, de Harvard à Stanford en passant par McGill et HEC Montréal.

«Ce qui s'est passé dans l'industrie de la musique est en train de se produire dans l'industrie de l'éducation», indique Arshad Ahmad, professeur associé en finances à l'Université Concordia.

Contrairement à ce qui s'est passé avec la musique, ce ne sont pas des pirates, mais les universités elles-mêmes qui offrent certains cours gratuitement sur Internet. Ceux qui les suivent ont accès à des vidéos de l'ensemble des cours magistraux, aux listes des lectures de référence, aux devoirs et aux examens.

Les étudiants qui terminent avec succès un MOOC obtiennent habituellement une attestation, mais aucun crédit universitaire.

L'université américaine Georgia Tech a toutefois amené cette approche à la prochaine étape lorsqu'elle a annoncé en mai qu'elle offrirait un programme de maîtrise en informatique uniquement composé de MOOC crédités. En collaboration avec la plateforme de cours en ligne Udacity, créée à l'université californienne Stanford, Georgia Tech vise à admettre 10 000 étudiants en trois ans dans son programme. Sur son campus, ce programme n'accueille aujourd'hui que 300 étudiants. L'initiative est commanditée par AT&T qui y contribue à hauteur de deux millions de dollars américains.

Pour obtenir leur diplôme, ceux qui suivront le MOOC de Georgia Tech devront débourser 7 000 $ US, une aubaine par rapport aux 40 000 $ US que coûte le programme sur le campus. Les étudiants qui ne se soucient pas des crédits pourront suivre l'ensemble du programme gratuitement ou à un prix modique.

Pression financière

«Au Canada et surtout aux États-Unis, une pression financière s'exerce sur les universités. D'autres établissements devraient suivre, car les MOOC permettent de former davantage d'étudiants à moindres coûts», affirme Stephen Downes, chercheur au Conseil national de recherches du Canada qui, avec son collègue George Siemens, a conçu l'un des premiers MOOC en 2008.

M. Downes considère toutefois que l'approche de Georgia Tech n'est pas révolutionnaire, parce qu'il faudra être admis dans le programme et payer des droits de scolarité pour obtenir un diplôme.

Selon lui, les droits de scolarité associés aux MOOC crédités pourraient être beaucoup plus bas, si bien que les entreprises pourraient éventuellement permettre aux universités d'offrir de tels cours gratuitement en les commanditant, comme le fait AT&T. «Ce sera difficile pour les grandes entreprises de ne pas commanditer de MOOC. Elles auront intérêt à le faire ; pas seulement pour la publicité, mais pour avoir une influence sur les programmes et former leurs futurs employés.»

Arshad Ahmad, de l'Université Concordia, croit que la structure même des cours universitaires pourrait être transformée par les MOOC. «Dorénavant, vous pouvez écouter les cours magistraux des meilleurs professeurs qui enseignent dans les meilleures universités sur votre ordinateur, fait-il valoir. Il n'y a pas de valeur ajoutée à parler devant une classe. C'est pour cela que de nombreux professeurs se sentent menacés par les MOOC ; ils ne veulent pas apprendre à enseigner différemment», explique-t-il.

En utilisant les MOOC sur les campus, M. Ahmad fait valoir que les professeurs pourraient interagir davantage avec les étudiants, et le faire en moins d'heures de cours qu'auparavant.

Selon lui, les universités qui ne produisent pas leurs propres MOOC auraient avantage à utiliser ceux des autres. «Toutes les universités n'ont pas intérêt à développer leur propre contenu. D'ailleurs, les universités qui offrent des MOOC forment un club exclusif, et seules les universités de premier plan sont invitées», dit-il, en faisant référence aux trois principaux agrégateurs de MOOC : Coursera, Udacity et edX.

Des MOOC à McGill en 2014

Les MOOC permettront ainsi aux universités déjà reconnues pour leur qualité de rayonner partout dans le monde. McGill, qui s'est jointe au consortium edX, devrait y offrir ses deux premiers MOOC en janvier 2014.

Nancy Diamond, conseillère en politiques auprès du doyen, explique pourquoi le choix s'est porté sur edX, un organisme sans but lucratif cofondé par l'université Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) : «La qualité et le prestige des universités qui font partie du consortium a été un facteur, mais c'est l'importance qu'il accorde à l'apprentissage sur le campus qui a été déterminant.»

L'université McGill ne prévoit donc pas imiter Georgia Tech : «Nous n'avons aucune intention de donner des crédits aux étudiants qui s'inscriront à nos MOOC autour de la planète, explique Mme Diamond. Ces étudiants ne seront pas des étudiants de McGill et ne recevront aucun crédit.»

julien.brault@tc.tc

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