Quel est le vrai obstacle quant à l’intégration des TIC en salle de classe?

Il y a deux mois, j’aurais cru que le manque d’accès aux ordinateurs était l’obstacle majeur à l’intégration des TIC en salle de classe. Aujourd’hui, j’ose dire que c’est plutôt le manque de formation et de motivation chez les enseignants qui sont équitablement les obstacles majeurs.

Depuis au moins 7 ans, j’ai un minimum de trois ordinateurs portables en salle de classe qui n’ont que ramassé de la poussière sur le comptoir. Je ne savais pas comment les intégrer dans mes cours. J’avais une connaissance assez avancée quant à l’utilisation de cet outil, mais elle se limitait surtout au contenu magistral de mon enseignement. Les élèves y touchaient rarement. Les ordinateurs étaient accessibles, il y avait même un laboratoire d’ordinateurs disponible. Malheureusement, mes pratiques pédagogiques ne s’y prêtaient pas. J’étais l’exemple typique d’une enseignante qui se disait innovatrice, sans faire appel aux TIC. Est-ce même possible?

En lisant l’article écrit par Martine Rioux(APP) http://archives.infobourg.com/sections/editorial/editorial.php?id=11289, j’apprécie sa pensée qui se lit comme suit : …il faut arrêter d’évaluer les conditions – nombre d’ordinateurs disponibles – pour se concentrer sur l’évaluation de la qualité et de l’efficacité des usages. » Les outils qui sont donc disponibles ne sont pas exploités à leur juste valeur, car les enseignants ne savent pas comment les intégrer dans leurs leçons. Je constate, comme plusieurs d’ailleurs, qu’il y a un manque de formation offerte aux enseignants qui est indispensable à l’intégration des TIC en salle de classe.

Quant à Inês Lopes qui offre un survol de deux conférences sur les TIC, livrées à l’ACFAS : parlons d’autoefficacité à intégrer les TIC, puis de formation aux compétences informationnelles au lien suivant : http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/viepedagogique/160/index.asp?page=enAbrege_2, elle souligne des sources qui influencent l’auto efficacité par rapport à l’intégration des TIC en classe par des enseignants du primaire. Quatre sources sont précisées : l’expérience active de maitrise, l’expérience vicariante, la persuasion verbale ainsi que les états physiques et émotionnels. Il n’y a aucune mention du manque d’accès aux ordinateurs.

Selon moi, le manque de formation et de motivation sont les grands obstacles quant à l’intégration des TIC. Je veux maintenant me prononcer non sur ce que je lis dans les articles, mais selon ce que je vis présentement en tant qu’enseignante motivée qui poursuit sa formation. Si je réfléchis à ma semaine de travail, voici les défis rencontrés dans ma poursuite de l’utilisation des TIC en salle de classe : manque de connectivité de certains ordinateurs, chariot de portables non disponible, laboratoire d’ordinateurs déjà réservé, pertes de récréations afin de régler difficultés techniques, certains portables plus lents que d’autres, manque de prises pour charger les piles (échange continuel des prises afin de charger les piles faibles), élèves qui oublient leur mot de passe et ce, tout en essayant de bien gérer mes groupes d’élèves forts, moyens et en difficulté. C’est difficile à vivre. Je suis plus fatiguée que d’habitude.

Voici les raisons pour lesquelles la semaine prochaine sera vécue de la même façon : la motivation des élèves est palpable, leurs efforts sont plus constants, leur engagement à la tâche est à un haut niveau, mes collègues sont curieux et me questionnent, j’ai maintenant 12 ordinateurs fonctionnels en salle de classe (prêtés par des collègues qui ne se servent pas de les leurs!), le comité de parents m’appuie et est à la recherche de nombreux casques d’écoute pour mes élèves , je cherche continuellement des solutions à mes défis afin de rendre meilleur ce nouveau climat d’apprentissage et mes habiletés et mes connaissances s’accroissent à chaque jour.

Je suis plus motivée que jamais, car je suis passionnée par la pédagogie inversée qui fait appel aux TIC. J’enregistre mes leçons magistrales et les poste sur notre site de classe edmodo.com. En soirée, les élèves doivent donc consulter leur compte edmodo afin de visionner la vidéo assignée comme devoir. Le lendemain, nous en discutons brièvement en salle de classe. Selon le partage en grand groupe, je fais un petit diagnostic quant aux connaissances des élèves. Ceux qui ont bien compris les notions de la vidéo se mettent au travail. Je peux donc intervenir immédiatement auprès des autres élèves dont les connaissances sont bloquées quant aux plus simples notions d’application. Ils visionnent à nouveau les vidéos. Je questionne, j’offre d’autres explications. Ils questionnent et prennent en note mes commentaires clés et se mettent au travail, sachant que je suis présente pour répondre à toute question. Selon moi, je réussis donc une meilleure pédagogie différenciée que je juge plus efficace.

Un résumé de ma prochaine semaine suivra…je dois aller charger des piles!

29 commentaires sur « Quel est le vrai obstacle quant à l’intégration des TIC en salle de classe? »

  1. Annick, ce billet devrait être lu par tous les enseignants et administrateurs scolaires. En plus de décrire la réalité quotidienne à laquelle tu fais face, qui pourrait être source de découragement pour plusieurs enseignants, tu épates par ta motivation à continuer, car tu crois.

    J’ajoute à ceci ton souci d’appuyer tes actions par des lectures sur le sujet de l’intégration judicieuse des TIC. En fin de compte, ce sont tes élèves qui vont en bénéficier le plus. Toujours étonné de lire que des enseignants se débarrassent de leurs ordis… (!) Ton gain (et tes élèves), leur perte.

    Et puis, au sujet du temps perdu pour les ordis lents et logins boiteux, raison de plus de mettre en place un environnement AVAN («Apportez votre appareil numérique») où ;es élèves peuvent se brancher au réseau sans fil via sa tablette, son portable, etc. Pas équitable, diront certains? Eh bien, que l’on prévoit une flotte de qualité pour permettre à TOUS les élèves de se connecter. Il EXISTE des façons de monter et de bien gérer ceci, à la satisfaction même de gestionnaires de réseau inquiets d’un certain «free-for-all».

    Oui, la formation, l’accompagnement, c’est le nerf de la guerre. Je crois profondément que les offres de formations structurées, i.e. apprentissage formel, doivent s’accompagner par les occasions pour chacune et chacun de se «former» via son réseau d’apprentissage professionnel, i.e. apprentissage informel. Cette ‘sérenpidité pédagogique’ que j’appelle peut être la source de nouvelles connaissances et permet à chaque enseignant de se connecter avec d’innombrables éducateurs et éducatrices qui partagent le même questionnement et bien souvent, la même passion.

    En terminant, j’estime que ton billet décrit tout aussi bien une réalité dans tous les ordres d’enseignement : école primaire, secondaire, le collège, l’université et l’éducation aux adultes. Tu risques ainsi d,avoir un lectorat tout azimut scolaire 😉

    Bonne continuation!

  2. Bonjour 🙂

    Si je me fie à ma propre expérience, certains enseignants ont peur, également. Peur de perdre le contrôle de la classe, peur que des élèves en sachent plus qu’eux, peur de froisser l’autre, peur de meander, peur de ne pas savoir, peur de se donner du trouble…imaginez, s’il fallait que je balance mes préparations de cours, mon cartable dans lequel chaque leçon est numérotée…

    Effectivement, le manque de mtivation et de formation sont légion quand on aborde l’utilisation des TIC en enseignment. Le vecteur le plus important face à cela est…vous! Ici, nous avons proposé (une conseillère pédagogique et moi), la tenue d’ateliers que nous avons nommés «Par nous, pour nous». Reste maintenant, après 1 an, à voir si certains ont fait le pas…Ce n,est pas si sûr…

  3. Tres interessant comme prise de conscience. J’ai aussi passe par la! Pour moi le plus grand obstacle etait de choisir des sites et des outils parmis la liste incroyable de contenus technologiques et informatiques. Quoi faire avec les eleves? Pour ma part j’ai fait un choix de m’en tenir a deux ou trois bons sites ou outils a utiliser par annee scolaire. En prenant l’annee scolaire complete pour me familiariser avec une ressource (en meme temps que mes eleves) l’annee suivante l’utilisation se fait de facon tres fluide. Cette annee j’ai choisi Edmodo (ressource incroyable pour enseigner l’utilisation ethique des medias sociaux), MangaHigh (pour les maths) et Twine (pour ecrire des histoires dont vous etes le hero). L’an prochain j’aimerais commencer un blogue avec ma classe.
    Finalement, j’ai ouvert un compte Twitter pour m’aider a rester au courant et je prends des notes lorsque je vois des trucs que j’aimerais essayer.
    Pour l’instant je suis plutot seul ans mon ecole mais tranquillement certains profs s’essaient de leur cote.

  4. Tout un défi que d’intégrer les TIC, d’autant plus que les modes d’évaluation ne suivent pas : nous sommes donc dans un système hybride ou la pédagogie se transforme et tire sur l’évaluation pour qu’elle se transforme ele aussi, mais là, rien n’est moins sûr. (Insérer ici plusieurs gros soupirsss)

    Les labs d’info non disponibles : je me heurte à cela quelques fois par étape. Alors les élèves apportent ce qu’ils ont et se connectent à un réseau sans fil, s’il y en a un (Un autre problème actuellement, mais qui tendra à se résorber, mais en créera un autre, soit la bande passante trop sollicitée – décidément…)

    Je n’ai pas abordé un autre problème auquel j’ai été nouvellement soumis… celui des parents (je suis au secondaire) auxquels on doit expliquer (mais qui n’aiment pas qu’on passe du temps à expliquer cela, car alors on « fait de l’informatique » !!!) le lien entre les TIC et la matière « officielle »… Ils ont l’impression (et leurs enfants aussi, s’ils les ont bien convaincus), que le temps consacré à intégrer les TIC est du temps perdu en apprentissage de notions dites essentielles, etc. Comme si la pédagogie, nous, on ne connaissait pas ça, etc. Tout ça est un formidable grugeur d’énergies essentielles à la pédagogie, et tout ça finit par lasser en effet.

    COURAGE !

  5. Chér Annick,

    je vais essayer utilizer mon français depuis beaucoup de temps… j espère être compris. je travaille avec educación y technologies depuis 2000 y j aimé beaucoup ce post ici. Super sensible y vivant. J’ai croix que tu aimerai connaitre un propos de indicateurs de íntegración de las TIC en la escuela établi a partir de una visión de l’encolla avec sus habitus. Ça veux dire: ces indicateurs considèrent disponibilité, mais aussi formación des éducateurs, organización de l’école y les pratiques pédagogique con TIC. Ce propos indique de faire uni réunion, un débat, una conversación avec toutes les éducateur de l’école pour re-penser líntegración de las Tic en chaque école. Mais, vouz pouvez faire avec un groupe réduit etc etc. je indique ici el link pour la publicación sur ces indicateurs. http://www.oei.es/noticias/spip.php?article9607
    Fait attention a los items de réponse pour chaque « descritor ». Je croix que vous aimerai plus les indicateurs de formation, pratiques y organisation. Même les indicateurs de disponibilidad sont sensible a le quotidien de lecole… Jaimerai beaucoup savoir su opinión sur ce propos. Il est écrire en espanol y en portugais. J’espére que vous réussi lire en ces idiomes. Je suis Marcia Padilha.

  6. @ Marcia Padilha – Ma compréhension (limitée) de l’Espagnol m’indique que cette grille, ces indicateurs, seraient un bel outil de « prise en charge » collective au niveau d’une école, d’un collège, ou autre organisation apprenante. ¡Muy interesante! Au-delà de la motivation et du vouloir d’une enseignante (comme Annick), il reste toujours le risque de se sentir seule dans son escuela, de l’isolement professionnel. Oui, se mettre en réseau (comme nous le faisons ici) devient très sitmulant et nous incite à persévérer mais idéalement, ce réseau doit s’élargir aussi IRL, avec celles et ceux que l’on côtoie à tous les jours. Il faut que cela imprègne la culture organisationnelle et ainsi s’approcher du point de bascule (« tipping point »). Le leadership de la direction devient es.sen.tiel! Je m’empresse de trouver quelqu’un pour traduire votre outil. Gracias por todo.

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